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Écrit par NEWDEAL Havas

Justine Renaudet : « Nous considérons que la dimension sociale est au cœur de notre activité et qu’elle est tout aussi importante que notre aspect économique. »

Entretien avec Justine Renaudet, Co-fondatrice & CMO de Colette.

Creer Du Lien Entre Generations

En quoi Colette, votre offre de cohabitation entre générations, contribue-t-elle à plus de cohésion sociale ?

En 2020, nous avons lancé Colette avec un objectif en tête : résoudre des problèmes sociaux bien réels. Notre constat initial était que de nombreux seniors se retrouvent seuls à la retraite ou lorsque leurs enfants quittent le foyer familial, laissant une maison vide. Car pour rappel, 1 senior sur 5 dit ne pas avoir d’amis ! Chez Colette nous souhaitons leur permettre de (re)créer du lien afin de rester en forme moralement, cognitivement et physiquement. Parallèlement, nous avons également observé les difficultés des étudiants à se loger dans les grandes villes où le marché immobilier est très tendu. Selon Le Parisien : en 2022, le prix d’un studio classique vide à Paris était de 826€/mois en moyenne, contre 530€/mois avec Colette.

Notre mission est donc de favoriser les échanges entre les jeunes et les moins jeunes. En développant cette plateforme qui crée des binômes de cohabitation intergénérationnelle, nous cherchons à lutter ensemble contre la solitude, l’isolement et la précarité financière, des jeunes comme des moins jeunes.

Pourquoi mettre en lien séniors et jeunes générations aujourd’hui ?

Ensuite, d’un point de vue purement économique, il y a près de 100 000 chambres disponibles chez les seniors à Paris, en opposition à une demande très élevée sur le marché du logement. D’un point de vue écologique, les seniors vivent souvent dans de grands appartements vides avec un chauffage central. Et d’un point de vue social et fraternel, notre mission principale est de participer au « bien vieillir des seniors » en leur permettant de vivre mieux, plus longtemps et dans les meilleures conditions, idéalement chez eux. Nous souhaitons préparer la société aux défis liés à une population vieillissante en intégrant les seniors et en leur offrant un cadre propice à une vie active. Ces cohabitations permettent de réinventer un modèle fraternel et solidaire en établissant des liens sociaux, économiques et culturels entre les générations.

Et cela fonctionne. Depuis nos débuts il y a trois ans, nous avons formé 1300 binômes intergénérationnels. Notre présence se limite principalement à Paris et en Île-de-France pour l’instant. L’âge moyen des hôtes, c’est-à-dire les seniors qui accueillent les jeunes, est de 64 ans, ce qui correspond à des personnes récemment retraitées. En moyenne, ces colocations durent environ six mois, que ce soit pour un stage ou un semestre universitaire. Nous avons de belles histoires, comme celle de Bernard et Constance, qui vivent ensemble depuis plus de deux ans, malgré leurs 50 ans de différence d’âge. Ils partagent régulièrement des dîners ensemble avec les amis de Constance, qui sont végan, ce qui intrigue beaucoup Bernard. Ces chiffres et témoignages illustrent l’impact social et solidaire de Colette.

En tant qu’entreprise privée, catalyseur de solidarité et acteur urbain, avec qui travaillez-vous pour étendre la portée de votre impact et comment tirez-vous parti de cette triple-casquette transverse ?

Nous collaborons avec plusieurs parties prenantes pour étendre la portée de notre impact. Tout d’abord, nous sommes en contact régulier avec les mairies d’arrondissement, la Mairie de Paris et les villes limitrophes, dans le cadre de notre présence en Île-de-France. Ensuite, nous développons des partenariats avec de nombreuses universités et écoles franciliennes afin de proposer le service de Colette à leurs étudiants, comme Sciences Po, EMLyon, ESCP, IconoClass pour n’en citer que quelques-uns. Nous cherchons également à créer des synergies avec d’autres acteurs de la Silver Economy pour faire connaître Colette auprès des seniors, mais aussi avec des entreprises privées dont nous logeons les stagiaires et alternants, Big Mama et BackMarket par exemple.

Comment intégrez-vous l’utilité sociale et l’impact positif, généralement associés aux associations et autres organisations à but non lucratif, au cœur de votre modèle économique ?

Notre modèle économique repose sur une commission de 15 % prélevée sur les loyers qui passent par notre plateforme. En tant qu’entreprise privée, nous avons réussi à intégrer l’utilité sociale et l’impact positif dans notre modèle économique en favorisant la création de liens sociaux entre les générations et en luttant contre la solitude et l’isolement. Nous considérons que cette dimension sociale est au cœur de notre activité et qu’elle est tout aussi importante que notre aspect économique.