Écrit par Marion Rungette

Timothée Macé Dubois : “La durabilité est rentable.”

Entretien avec Timothée Macé Dubois, Responsable des Affaires institutionnelles chez Schneider Electric

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Timothée Macé Dubois est Responsable des Affaires institutionnelles chez Schneider Electric depuis 2023, et co-fondateur de la Fédération de la Mode Circulaire. Il est passionné par les questions d’énergie, d’économie circulaire et de transition écologique. Timothée est convaincu que le renouveau industriel passera par une révolution de notre modèle de société.

En tant que Responsable des Affaires institutionnelles vous représentez le groupe lors d’évènements climatiques et auprès des associations, (par ex. récemment la Climate Week à NY), quels sont vos grands combats ou messages que vous portez ?

 Tout à fait, j’ai notamment pour mission d’organiser la participation de Schneider Electric aux évènements climatiques internationaux tels que la Climate Week de New York et la COP. Chez Schneider Electric, nous voulons sortir du fameux « triangle de l’inaction » ; aussi nous estimons que les entreprises sont les mieux placées pour impulser le changement vers un monde plus durable. Schneider Electric, classée 7ème entreprise la plus durable au monde dans le « 2024 Global 100 » de Corporate Knights, doit faire montre d’exemplarité et être moteur de la transition !

Les messages que nous portons lors de ces évènements sont multiples.

Tout d’abord, l’électrification et la digitalisation sont clefs dans l’atteinte de la durabilité. Afin d’assurer un avenir plus durable et plus résilient, il nous faut une énergie efficace, peu carbonée et intelligente : c’est ce que nous appelons l’Electricité 4.0. La demande en énergie représente 55% du potentiel de baisse de l’empreinte carbone de l’énergie à horizon 2050 ; c’est une priorité de la traiter !

Nous portons également des messages de responsabilité et d’engagement. En tant qu’« Entreprise à impact », Schneider Electric a défini une stratégie climat qui englobe toutes ses parties prenantes, des collaborateurs aux partenaires de la chaîne d’approvisionnement, aux clients, ainsi qu’aux communautés et institutions locales. A titre d’exemple, notre programme « The Zero Carbon Project » vise à diminuer de moitié les émissions de nos 1000 principaux fournisseurs et nous nous engageons à aider nos clients à économiser ou à éviter 800 millions de tonnes de CO2 d’ici 2025. Notre action sur notre Scope 3 serait impossible sans technologies digitales pour connaître, rendre visible et tracker la data, mesurer ses émissions et construire une feuille de route de décarbonation. Par ailleurs, Schneider Electric a été l’une des premières entreprises au monde à voir ses objectifs Net-Zero validés par la SBTi avec le nouveau cadre « SBTi Corporate Net-Zero Standard », en août 2022.

Enfin, notre combat est également celui pour une transition juste, car cette transition que nous appelons de nos vœux ne doit laisser personne sur le bord du chemin. Nous mettons ainsi un point d’honneur à promouvoir l’éducation, le développement des compétences, l’accès à l’énergie, etc. En 2024, 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité en 2024 ; nous nous battons, avec nos solutions et nos messages, pour réduire l’empreinte carbone de la planète tout en contribuant au droit inaliénable de chacun de disposer d’une énergie de qualité et d’accéder au numérique.  Le Groupe s’est ainsi engagé à fournir l’accès à une électricité verte pour 100 millions de personnes dans des zones mal desservies d’ici 2030.

Quelle est l’action dont vous êtes le plus fier au sein de Schneider Electric ?

Bonne question ! Ma plus grande fierté est déjà d’avoir intégré ce grand groupe industriel français, qui place la durabilité au cœur de sa stratégie business. Faire consommer moins d’énergie et une meilleure énergie, accompagner nos clients et fournisseurs dans la réduction de leurs émissions, c’est notre gagne-pain ! Pour Schneider Electric, la durabilité est rentable.

Ensuite, parmi les projets auxquels j’ai eu l’honneur de participer, gérer la participation de Schneider Electric à la COP28 à Dubaï a été un vrai cap professionnel. L’organisation de cet événement a impliqué pendant près de 8 mois une coordination étroite avec diverses parties prenantes, en interne (tous les départements de Schneider, du business à la communication, de notre branche conseil à notre Sustainability Research Institute ™, sans oublier nos filiales et nos directions pays, étaient impliqués), mais aussi en externe, notamment avec l’UNFCCC, l’UN Global Compact, le WBCSD et d’autres coalitions ou ONG.

Durant la COP28, Schneider Electric a pu participer à des nombreuses tables rondes, discussions et évènements, pour mettre la lumière sur les technologies et les solutions concrètes qui existent déjà pour remplir nos objectifs climatiques et de durabilité. Un accent particulier a été mis sur l’enjeu Education et Compétences, car nous aurons bien de la peine à électrifier le monde sans électriciens et électriciennes ! Enfin, nous avons pu renouveler notre partenariat avec la Fondation Solar Impulse, très proche de Schneider Electric dans le sens où elle promeut des solutions propres, viables économiquement et positives pour l’environnement !

Enfin, sur une note plus globale, la rédaction finale du Global Stocktake qui inclut le « transitioning away from fossil fuels » est encourageante, mais ce n’est pas un aboutissement en soi, c’est le début d’un long chemin. Le « triple up / double down » – doubler nos efforts en matière d’efficacité énergétique et tripler les capacités d’énergies renouvelables -, rappelé durant la COP28, est le moyen essentiel pour assurer cette transition.

Ce fut donc un moment important, témoignant non seulement de notre engagement envers l’action climatique mais aussi de notre capacité à influencer positivement le dialogue global sur la durabilité.

 Vous avez également co-fondé la Fédération de la Mode Circulaire il y a deux ans, quelle démarche a motivé cette création ?

La création de la Fédération de la Mode Circulaire (FMC), en avril 2022, a été motivée par la volonté de fédérer tout l’écosystème de la mode circulaire, de l’amont à l’aval du cycle de vie. Nous avons aujourd’hui plus de 230 entreprises adhérentes : collecteurs, recycleurs, solutions numériques ou marketplaces, marques, grands groupes du retail et du luxe, réparateurs, upcycleurs, revendeurs, etc. Le secteur a besoin de synergies pour croître, c’est là tout l’objet de la FMC !

Nous fédérons ces acteurs autour d’un objectif commun : il nous faut amplifier l’impact socio-environnemental positif de notre secteur sur le long terme. Cette démarche s’inscrit dans une vision d’une mode transparente, responsable et juste, valeurs fondamentales que la Fédération s’efforce de promouvoir.

En tant que co-fondateur, mon rôle a été de construire le plaidoyer de la Fédération, de défendre les intérêts de nos entreprises adhérentes et de promouvoir l’adoption de la circularité dans les politiques publiques. Cela implique un travail de sensibilisation et de dialogue constant avec les décideurs, pour faire reconnaître l’importance de la mode circulaire et son potentiel en termes de développement durable, de réindustrialisation et d’innovation. Nous portons de nombreuses mesures (TVA Circulaire, Crédit d’impôt circulaire, malus pour les produits les moins vertueux, sensibilisation et formation, information du consommateur, encadrement de la fast fashion, etc.) rassemblées dans notre Programme Commun pour la Mode Circulaire (https://federationmodecirculaire.fr/programme-commun-pour-la-mode-circulaire/).

Dans un contexte de raréfaction des ressources, et alors que l’industrie textile représente 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, l’économie et la mode doivent devenir circulaires !

Pouvez-vous nous présenter les ressources qu’elle met à disposition des entreprises pour tendre vers une mode plus durable ?

La Fédération de la Mode Circulaire, bien que relativement jeune avec moins de deux ans d’existence, a déjà mis en place une multitude de ressources pour soutenir les entreprises du secteur dans leur transition vers une mode plus durable et pour porter haut les valeurs de la circularité dans le débat public.

Parmi nos initiatives clés, nous avons publié un Livre Blanc, notre Programme Commun pour la Mode Circulaire, dont la dernière édition est parue en septembre 2023. Il rassemble 15 propositions de mesures pour répondre aux problématiques concrètes rencontrées par l’ensemble des acteurs de la mode circulaire et pour bâtir une industrie de la mode, plus juste, plus durable et plus responsable. A ce titre, nous avons également élaboré un livret détaillant les réglementations applicables aux entreprises du secteur, un outil précieux pour naviguer dans le paysage législatif et réglementaire complexe. Nous transmettons à nos adhérents une veille institutionnelle et réglementaire mensuelle.

 Pour animer et renforcer notre communauté, nous avons publié une cartographie des acteurs de la mode circulaire, nous diffusons une newsletter mensuelle sur les actualités du secteur, nous avons mis en place des groupes de travail et nous organisons des webinaires, des rencontres informelles entre adhérents ainsi que des afterworks. Tout ce qui peut contribuer au partage d’expériences, à la création de synergies et au renforcement des liens, peut contribuer à l’essor de la mode circulaire.

Enfin, l’un des temps forts de notre calendrier est l’organisation de la Journée de la Mode Circulaire, qui se tient une fois par an à l’Institut Français de la Mode (IFM). Cette journée est une opportunité unique pour échanger sur les meilleures pratiques, découvrir les dernières innovations et renforcer le réseau des professionnels engagés dans la circularité.

C’est un travail bénévole qui occupe une bonne partie de mon temps libre, mais quel bonheur de voir tout le travail accompli depuis moins de 2 ans !